Découvrez les contenus associés à des zones géographiques en naviguant sur la carte :

Scrollez pour zoomer sur la carte

Cliquez et glisser la souris pour explorer

text-icon

La guerre de Poutine contre l’Ukraine : que peut la France ?

9 mars 2022 • Tatiana Kastouéva-Jean

text-icon

L’espace post-soviétique existe-t-il encore ?

9 mars 2022 • Florian Vidal • Michaël Levystone

text-icon

Les risques extérieurs pour la sécurité énergétique de la France

9 mars 2022 • Marc-Antoine Eyl-Mazzega

text-icon

La fin de l’opération Barkhane et l’avenir de la présence française au Sahel

9 mars 2022 • Elie Tenenbaum

text-icon

Les migrations, un facteur croissant de tensions internationales

9 mars 2022 • Matthieu Tardis

text-icon

Le Pacte vert européen : cap vers la neutralité carbone

7 mars 2022 • Carole Mathieu

text-icon

La politique de défense européenne : quelle autonomie pour l’UE ?

7 mars 2022 • Laurent Bansept

text-icon

L’OTAN à l’heure de la compétition stratégique : quelle voie pour la position française ?

6 mars 2022 • Luc Pagès

text-icon

Repenser l’aide au développement ?

14 févr. 2022 • François Gaulme

text-icon

Technologies numériques : l’agenda européen

14 févr. 2022 • Alice Pannier

video-icon

Quel avenir pour le multilatéralisme ?

24 mars 2022 • Thierry de Montbrial

text-icon

Pour un dialogue exigeant : réexaminer la relation bilatérale avec la Chine

6 mars 2022 • Marc Julienne

text-icon

Indo-Pacifique : refonder l’engagement français après AUKUS

14 févr. 2022 • Céline Pajon

text-icon

Les enjeux de la relation franco-américaine en 2022

14 févr. 2022 • Laurence Nardon

text-icon

L’agenda technologique américain : entre impératifs de régulation et compétition avec la Chine

14 févr. 2022 • Mathilde Velliet

text-icon

L'état de la menace terroriste

14 févr. 2022 • Marc Hecker

video-icon

Le Covid-19 et la gouvernance mondiale de la santé

14 févr. 2022 • Michel Kazatchkine

text-icon

Les relations France-Maghreb : des difficultés nouvelles

14 févr. 2022 • Dorothée Schmid • Amr Abdelrahim

text-icon

France-Turquie : une amitié secouée

13 févr. 2022 • Dorothée Schmid

text-icon

TSMC : leader mondial de la fabrication de semi-conducteurs

9 mars 2022

Présidentielle 2022 > Défis géopolitiques > Repenser l’aide au dé...

Développement
Afrique Subsaharienne

Repenser l’aide au développement ?

francois-gaulme.jpg

François Gaulme

Chercheur associé au Centre Afrique subsaharienne de l'ifri

« Vous ne m’avez pas entendu parler d’aide au développement », affirmait le 8 octobre 2021 Emmanuel Macron lors du Nouveau Sommet Afrique-France de Montpellier. En réalité, le président français avait défini dans le détail sa vision de l’aide publique au développement (APD) dès son discours-programme de Ouagadougou du 17 novembre 2018 sur la relation avec l’Afrique. Pour la première fois, il incluait dans son champ la culture et le sport, inflexion qu’il n’a cessé de maintenir ensuite.

Pour la première fois également depuis la décolonisation, il n’y a plus aujourd’hui de portefeuille de la « Coopération » ou encore du « Développement » dans le gouvernement français. Mais ce n’est pas là un signe d’effacement. Tout indique au contraire que le chef de l’État a voulu lui donner une importance accrue en devenant lui-même son propre ministre du Développement, exerçant directement son influence sur l’Agence française du développement (AFD), organe paraétatique en pleine restructuration, pour concentrer désormais tous les programmes d’APD et d’assistance technique gouvernementale.

La présidentialisation de l’aide au développement

Le président a donné une forte marque personnelle à la stratégie d’APD, jusque dans son vocabulaire, qu’il a distancié du discours habituel des instances internationales. Sa communication dans ce domaine met l’accent sur une relation forte mais dénuée de paternalisme avec l’Afrique, qu’il voudrait étendre à l’ensemble de l’Union européenne (UE). Au sommet de Montpellier, Emmanuel Macron a annoncé que l’AFD changerait prochainement de nom pour répondre aux critiques du concept d’ « aide » et traduire le passage à une ère de « partenariat » et « d’investissement solidaire ».

Pour autant, et selon le principe du « en même temps » qui caractérise la doctrine politique présidentielle, le devenir de l’APD française continue à être traité d’une manière plus traditionnelle. Le Parlement a adopté le 4 août 2021 une loi de programmation triennale sur « le développement solidaire et les inégalités mondiales ». Auparavant, le Conseil présidentiel du développement, nouvelle instance suprême de décision présidée par le chef de l’État, avait tenu dès le 17 décembre 2020 sa première réunion. La loi du 4 août 2021 (art. 7) a créé également un « Conseil national du développement et de la solidarité internationale [constituant] l’enceinte privilégiée et permanente de concertation entre les principaux acteurs du développement et l’État ». Elle institue enfin (art. 12) une « commission d’évaluation de l’aide publique au développement, placée auprès de la Cour des comptes », devant comprendre notamment des élus.

Forces et faiblesses de l’APD française

Mais le point sans doute le plus marquant de cette loi, se substituant à une première législation, la « Loi Canfin » du 7 juillet 2014 sur « la politique de développement et de solidarité internationale », est l’inversion de tendance du pourcentage de l’APD française par rapport au produit intérieur brut (PIB) : de 0,37 % en 2017, il devrait passer à 0,55 % en 2022, se rapprochant ainsi de la norme onusienne du 0,7 %. Les crédits de paiement d’APD du budget français augmenteront en outre fortement, de 3,2 milliards d’euros en 2020 à 4,9 milliards en 2022. La portée internationale de cette évolution est d’autant plus significative que, dans un contexte de restriction budgétaire lié à la pandémie de Covid-19, le Royaume-Uni, qui avait atteint les 0,7 %, a décidé de revenir à 0,55 %.

Cependant, le talon d’Achille de l’APD française se situe toujours dans sa mise en application au Sahel selon l’ « approche intégrée » des « 3 D » (Diplomatie, Défense, Développement) soutenue par Emmanuel Macron depuis son accession à la présidence : elle ne peut avoir d’impact sur la « paix durable » dans des zones où dominent encore insécurité permanente et réponse militaire.

Malgré les promesses du passage de l’ère de l’« aide » à celle de la « solidarité », c’est là un problème concret auquel le système français d’APD, dans sa tradition largement irénique, n’était pas préparé, ni logistiquement ni conceptuellement. Hérité du quinquennat précédent, cet obstacle considérable devra être encore affronté durant le prochain mandat présidentiel, sous les mêmes termes, voire dans une conjoncture sécuritaire encore plus dégradée.