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Sécurité / Défense
Afrique du Nord et Moyen-Orient
Turquie

Qu’est-ce que la Turquie apporte à l’OTAN ?

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Aurélien Denizeau

Docteur de l'Inalco en sciences politiques et relations internationales

Membre de l’Alliance Atlantique et de sa structure militaire intégrée depuis 1952, la Turquie y a historiquement joué le rôle de pilier oriental, au contact de l’Union soviétique pendant la guerre froide et du Moyen-Orient par la suite. Au cours de la dernière décennie, l’adoption de politiques étrangères dissociées de celles de ses alliés occidentaux (coopération avec la Russie y compris dans le domaine militaire, tensions avec la Grèce en Méditerranée, activisme en Libye et en Syrie…) conduit ceux-ci à s’interroger sur la place de la Turquie au sein de l’organisation. Ankara tient pourtant à rester intégrée dans le système de sécurité occidental.

La Turquie, acteur clé de la stratégie otanienne

Forte de près de 735 000 hommes, l’armée turque est la deuxième en volume de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) ; elle fait depuis quelques années l’objet d’une importante modernisation, la Turquie lui consacrant près de 2,7 % de son produit intérieur brut. L’effort est particulièrement mis sur la modernisation de la flotte maritime et sur le développement de drones d’attaque. Une partie de ces capacités a été mise au service de l’OTAN, comme au Kosovo ou en Irak. Les infrastructures turques sont aussi mobilisées : la base aérienne d’Incirlik accueille des armes nucléaires de l’Alliance, le QG permanent des forces terrestres se trouve à Izmir et une station radar à Kürecik est affectée à la surveillance du Moyen-Orient. La coopération entre alliés a cependant parfois connu des ratés : l’occupation militaire du nord de Chypre à partir de 1974 a poussé les États-Unis à déclarer un embargo sur les armes à destination de la Turquie, et le refus d’Ankara, en 2003, de laisser passer par son territoire les troupes américaines en route vers l’Irak a suscité d’autres tensions.

Quelles relations avec les États-Unis ?

La Turquie a affiché en 2021 sa volonté d’apaiser les tensions accumulées avec ses partenaires européens, mais aussi avec ceux de son voisinage moyen-oriental : Égypte, Israël, Arabie Saoudite et Émirats arabes unis. Craignant la fermeté du président américain Joe Biden, Ankara a aussi multiplié les signes de bonne volonté envers Washington pour éviter de nouvelles sanctions économiques. La proposition émise d’assurer la protection de l’aéroport de Kaboul après le retrait des forces occidentales d’Afghanistan vise à faire reconnaître la valeur stratégique de l’armée turque : Ankara pourrait servir d’intermédiaire de l’OTAN auprès des talibans. La Turquie semble aussi vouloir rapprocher ses positions de celles de l’Alliance en mer Noire : elle fournit des drones au gouvernement ukrainien, ce qui complique la tâche de la Russie et de ses relais locaux, et rassure du même coup l’OTAN, toujours inquiet de la proximité affichée depuis 2016 entre Recep Tayyip Erdoğan et Vladimir Poutine. Un désaccord majeur persiste cependant concernant la livraison de missiles S-400 par Moscou aux forces armées turques, qui a entraîné l’exclusion de la Turquie du projet américain de chasseur furtif F-35. Le dossier est dans l’impasse car Ankara veut marquer sa volonté d’autonomie stratégique.

L’occasion d’une réflexion sur le rôle de l’OTAN

L’attitude de la Turquie devrait conduire la France à s’interroger, en 2022, sur la vocation de l’OTAN face aux nouveaux conflits sur son flanc sud. L’activisme turc en Méditerranée orientale a mis en lumière les contradictions au sein de l’Alliance, opposant directement Athènes et Ankara, et mettant les autres États au défi de définir une position commune. Lorsque la frégate française Courbet a fait l’objet d’un ciblage hostile par un vaisseau turc, les protestations de Paris n’ont rencontré qu’un faible écho à l’OTAN, conduisant la France à se retirer de la mission de surveillance des côtes libyennes. En jouant cavalier seul en Syrie, Ankara tente aussi de rallier l’Alliance à ses causes : l’OTAN a frôlé l’affrontement avec la Russie en 2015 lorsque l’armée turque a abattu un avion russe ; elle est aujourd’hui sommée de soutenir Ankara dans son combat contre les milices kurdes syriennes, pourtant alliées des Occidentaux contre Daech. Tandis que les Turcs déplorent le manque de solidarité de l’OTAN à leur égard, Emmanuel Macron dénonce à l’inverse l’incapacité de l’Alliance à répondre à leur aventurisme.

En théorie, l’expérience au combat acquise par les Turcs depuis 2016 en Syrie et en Libye, qu’il s’agisse des méthodes de guerre hybride ou du développement d’armes nouvelles comme les drones, pourrait être un atout pour l’OTAN. Mais la vision stratégique turque est sous l’influence croissante de thèses nationalistes et eurasistes, difficilement compatibles avec la culture de l’Alliance. La Turquie semble de plus en plus considérer celle-ci comme une simple garantie de sécurité qui ne contraint pas sa politique étrangère. Elle tente ainsi d’imposer un système d’alliances plus souples, qui compliquera immanquablement la définition du nouveau concept stratégique de l’OTAN en 2022.

Aurélien Denizeau